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de Monte-Cristo, moins pour le recevoir que pour lui barrer le passage.

— Ma foi, c’est la faute de vos domestiques, dit Monte-Cristo en se frottant le coude, vos parquets sont reluisants comme des miroirs.

— Vous êtes-vous blessé, monsieur ? demanda froidement Morrel.

— Je ne sais. Mais que faisiez-vous donc là ? Vous écriviez ?

— Moi ?

— Vous avez les doigts tachés d’encre.

— C’est vrai, répondit Morrel, j’écrivais ; cela m’arrive quelquefois, tout militaire que je suis.

Monte-Cristo fit quelques pas dans l’appartement. Force fut à Maximilien de le laisser passer ; mais il le suivit.

— Vous écriviez ? reprit Monte-Cristo avec un regard fatigant de fixité.

— J’ai déjà eu l’honneur de vous dire que oui, fit Morrel.

Le comte jeta un regard autour de lui.

— Vos pistolets à côté de l’écritoire ! dit-il en montrant du doigt à Morrel les armes posées sur son bureau.

— Je pars pour un voyage, répondit Maximilien.

— Mon ami ! dit Monte-Cristo avec une voix d’une douceur infinie.

— Monsieur !

— Mon ami, mon cher Maximilien, pas de résolutions extrêmes, je vous en supplie !

— Moi, des résolutions extrêmes, dit Morrel en haussant les épaules ; et en quoi, je vous prie, un voyage est-il une résolution extrême ?

— Maximilien, dit Monte-Cristo, posons chacun de notre côté le masque que nous portons.