IV
LA CHAMBRE DU BOULANGER RETIRÉ.
Le soir même du jour où le comte de Morcerf était sorti de chez Danglars avec une honte et une fureur que rend concevables la froideur du banquier, M. Andrea Cavalcanti, les cheveux frisés et luisants, les moustaches aiguisées, les gants blancs dessinant les ongles, était entré, presque debout sur son phaéton, dans la cour du banquier de la Chaussée-d’Antin.
Au bout de dix minutes de conversation au salon, il avait trouvé moyen de conduire Danglars dans une embrasure de fenêtre, et là après un adroit préambule, il avait exposé les tourments de sa vie depuis le départ de son noble père. Depuis ce départ, il avait, disait-il, dans la famille du banquier, où l’on avait bien voulu le recevoir comme un fils, il avait trouvé toutes les garanties de bonheur qu’un homme doit toujours rechercher avant les caprices de la passion, et, quant à la passion elle-même, il avait eu le bonheur de la rencontrer dans les beaux yeux de mademoiselle Danglars.
Danglars écoutait avec l’attention la plus profonde ; il y avait déjà deux ou trois jours qu’il attendait cette déclaration, et lorsqu’elle arriva enfin, son œil se dilata autant qu’il s’était ouvert et assombri en écoutant Morcerf.
Cependant, il ne voulut point accueillir ainsi la proposition du jeune homme sans lui faire quelques observations de conscience.