— Le fait qu’on vous a écrit de Janina.
— De Janina ?
— Oui, de Janina. En vérité vous avez l’air d’ignorer ce qui m’amène ?
— Sur mon honneur… Baptiste ! un journal d’hier ! cria Beauchamp.
— C’est inutile, je vous apporte le mien.
Beauchamp lut en bredouillant :
« On nous écrit de Janina, etc., etc. »
— Vous comprenez que le fait est grave, dit Morcerf quand Beauchamp eut fini.
— Cet officier est donc votre parent ? demanda le journaliste.
— Oui, dit Albert en rougissant.
— Eh bien ! que voulez-vous que je fasse pour vous être agréable ? dit Beauchamp avec douceur.
— Je voudrais, mon cher Beauchamp, que vous rétractassiez ce fait.
Beauchamp regarda Albert avec une attention qui annonçait assurément beaucoup de bienveillance.
— Voyons, dit-il, cela va nous entraîner dans une longue causerie ; car c’est toujours une chose grave qu’une rétractation. Asseyez-vous ; je vais relire ces trois ou quatre lignes.
Albert s’assit, et Beauchamp relut les lignes incriminées par son ami avec plus d’attention que la première fois.
— Eh bien ! vous le voyez, dit Albert avec fermeté, avec rudesse même, on a insulté dans votre journal quelqu’un de ma famille, et je veux une rétractation.
— Vous… voulez…
— Oui, je veux !
— Permettez-moi de vous dire que vous n’êtes point parlementaire, mon cher vicomte.