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Le valet s’inclina et sortit.

Albert s’était alors remis à son inventaire.

Comme il terminait ce travail, le bruit des chevaux piétinant dans la cour et des roues d’une voiture ébranlant les vitres attira son attention ; il s’approcha de la fenêtre, et vit son père monter dans sa calèche et partir.

À peine la porte de l’hôtel fut-elle refermée derrière le comte, qu’Albert se dirigea vers l’appartement de sa mère, et comme personne n’était là pour l’annoncer, il pénétra jusqu’à la chambre à coucher de Mercédès, et, le cœur gonflé de ce qu’il voyait et de ce qu’il devinait, il s’arrêta sur le seuil.

Comme si la même âme eût animé ces deux corps, Mercédès faisait chez elle ce qu’Albert venait de faire chez lui. Tout était mis en ordre : les dentelles, les parures, les bijoux, le linge, l’argent, allaient se ranger au fond des tiroirs, dont la comtesse assemblait soigneusement les clefs.

Albert vit tous ces préparatifs ; il les comprit, et s’écriant : Ma mère ! il alla jeter ses bras au cou de Mercédès.

Le peintre qui eût pu rendre l’expression de ces deux figures eût fait certes un beau tableau.

En effet, tout cet appareil d’une résolution énergique qui n’avait point fait peur à Albert pour lui-même, l’effrayait pour sa mère.

— Que faites-vous donc ? demanda-t-il.

— Que faisiez-vous ? répondit-elle.

— Ô ma mère ! s’écria Albert, ému au point de ne pouvoir parler, il n’est point de vous comme de moi ! Non, vous ne pouvez pas avoir résolu ce que j’ai décidé car je viens vous prévenir que je dis adieu à votre maison, et… et à vous.