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du comte de Morcerf : c’est du pêcheur Fernand, mari de la Catalane Mercédès.

— Ah ! monsieur ! s’écria la comtesse, quelle terrible vengeance pour une faute que la fatalité m’a fait commettre ! Car la coupable, c’est moi, Edmond, et si vous avez à vous venger de quelqu’un, c’est de moi, qui ai manqué de force contre votre absence et mon isolement.

— Mais, s’écria Monte-Cristo, pourquoi étais-je absent ? pourquoi étiez-vous isolée ?

— Parce qu’on vous a arrêté, Edmond, parce que vous étiez prisonnier.

— Et pourquoi étais-je arrêté ? pourquoi étais-je prisonnier ?

— Je l’ignore, dit Mercédès.

— Oui, vous l’ignorez, madame, je l’espère du moins. Eh bien ! je vais vous le dire, moi. J’étais arrêté, j’étais prisonnier, parce que sous la tonnelle de la Réserve, la veille même du jour où je devais vous épouser, un homme, nommé Danglars, avait écrit cette lettre que le pêcheur Fernand se chargea lui-même de mettre à la poste.

Et Monte-Cristo, allant à un secrétaire, fit jaillir un tiroir où il prit un papier qui avait perdu sa couleur première, et dont l’encre était devenue couleur de rouille, qu’il mit sous les yeux de Mercédès.

C’était la lettre de Danglars au procureur du roi, que, le jour où il avait payé les deux cent mille francs à M. de Boville, le comte de Monte-Cristo, déguisé en mandataire de la maison Thomson et French, avait soustraite au dossier d’Edmond Dantès.

Mercédès lut avec effroi les lignes suivantes :


« Monsieur le procureur du roi est prévenu, par un ami du trône et de la religion, que le nommé Edmond Dantès second du navire le Pharaon, arrivé ce matin de Smyrne,