arrivera, si c’est le poignard qu’il envoie, au lieu de nous tuer toutes deux de cette mort qui nous épouvante, nous te tendrons la gorge et tu nous tueras avec ce poignard.
— Oui, Vasiliki, répondit tranquillement Sélim.
Soudain nous entendîmes comme de grands cris ; nous écoutâmes : c’étaient des cris de joie ; le nom du Franc qui avait été envoyé à Constantinople retentissait répété par nos Palicares ; il était évident qu’il rapportait la réponse du sublime empereur, et que la réponse était favorable.
— Et vous ne vous rappelez pas ce nom ? dit Morcerf tout prêt à aider la mémoire de la narratrice.
Monte-Cristo lui fit un signe.
— Je ne me le rappelle pas, répondit Haydée.
Le bruit redoublait ; des pas plus rapprochés retentirent : on descendait les marches du souterrain.
Sélim apprêta sa lance.
Bientôt une ombre apparut dans le crépuscule bleuâtre que formaient les rayons du jour pénétrant jusqu’à l’entrée du souterrain.
— Qui es-tu ? cria Sélim. Mais, qui que tu sois, ne fais pas un pas de plus.
— Gloire au sultan ! dit l’ombre. Toute grâce est accordée au vizir Ali ; et non seulement il a la vie sauve, mais on lui rend sa fortune et ses biens.
Ma mère poussa un cri de joie et me serra contre son cœur.
— Arrête ! lui dit Sélim, voyant qu’elle s’élançait déjà pour sortir ; tu sais qu’il me faut l’anneau.
— C’est juste, dit ma mère ; et elle tomba à genoux en me soulevant vers le ciel, comme si, en même temps qu’elle priait Dieu pour moi, elle voulait encore me soulever vers lui.