— Comment ! la fille d’Ali-Pacha ?
— Et de la belle Vasiliki.
— Et elle est votre esclave ?
— Oh ! mon Dieu, oui.
— Comment cela ?
— Dame ! un jour que je passais sur le marché de Constantinople, je l’ai achetée.
— C’est splendide ! Avec vous, mon cher comte, on ne vit pas, on rêve. Maintenant, écoutez, c’est bien indiscret ce que je vais vous demander là.
— Dites toujours.
— Mais puisque vous sortez avec elle, puisque vous conduisez à l’Opéra…
— Après ?
— Je puis bien me risquer à vous demander cela ?
— Vous pouvez vous risquer à tout me demander.
— Eh bien ! mon cher comte, présentez-moi à votre princesse.
— Volontiers ; mais à deux conditions.
— Je les accepte d’avance.
— La première, c’est que vous ne confierez jamais à personne cette présentation.
— Très bien (Morcerf étendit la main). Je le jure.
— La seconde, c’est que vous ne lui direz pas que votre père a servi le sien.
— Je le jure encore.
— À merveille, vicomte, vous vous rappellerez ces deux serments, n’est-ce pas ?
— Oh ! fit Albert.
— Très bien. Je vous sais homme d’honneur.
Le comte frappa de nouveau sur le timbre ; Ali reparut.
— Préviens Haydée, lui dit-il, que je vais aller prendre