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— Non, ma foi, dit insoucieusement Monte-Cristo ; puisque j’ai celle-là je la garderai.

— Et monsieur a raison, dit vivement le notaire, qui craignait de perdre ses honoraires. C’est une charmante propriété : eaux vives, bois touffus, habitation confortable, quoique abandonnée depuis longtemps ; sans compter le mobilier, qui, si vieux qu’il soit, a de la valeur, surtout aujourd’hui que l’on recherche les antiquailles. Pardon, mais je crois que monsieur le comte a le goût de son époque.

— Dites toujours, fit Monte-Cristo ; c’est convenable, alors.

— Ah ! monsieur, c’est mieux que cela, c’est magnifique !

— Peste ! ne manquons pas une pareille occasion, dit Monte-Cristo ; le contrat, s’il vous plaît, monsieur le notaire ?

Et il signa rapidement, après avoir jeté un regard à l’endroit de l’acte où étaient désignés la situation de la maison et les noms des propriétaires.

— Bertuccio, dit-il, donnez cinquante-cinq mille francs à monsieur.

L’intendant sortit d’un pas mal assuré, et revint avec une liasse de billets de banque que le notaire compta en homme qui a l’habitude de ne recevoir son argent qu’après la purge légale.

— Et maintenant, demanda le comte, toutes les formalités sont-elles remplies ?

— Toutes, monsieur le comte.

— Avez-vous les clefs ?

— Elles sont aux mains du concierge qui garde la maison ; mais voici l’ordre que je lui ai donné d’installer monsieur dans sa nouvelle propriété.