Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 3.djvu/77

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pour entrevoir le splendide seigneur qui se donnait des chevaux de 10,000 fr. la pièce.

La maison choisie par Ali, et qui devait servir de résidence de ville à Monte-Cristo, était située à droite en montant les Champs-Élysées, placée entre cour et jardin ; un massif fort touffu, qui s’élevait au milieu de la cour, masquait une partie de la façade ; autour de ce massif s’avançaient, pareilles à deux bras, deux allées qui, s’étendant à droite et à gauche, amenaient à partir de la grille, les voitures à un double perron supportant à chaque marche un vase de porcelaine plein de fleurs. Cette maison, isolée au milieu d’un large espace, avait, outre l’entrée principale, une autre entrée donnant sur la rue de Ponthieu.

Avant même que le cocher eût hélé le concierge, la grille massive roula sur ses gonds ; on avait vu venir le comte, et à Paris comme à Rome, comme partout, il était servi avec la rapidité de l’éclair. Le cocher entra donc, décrivit le demi-cercle sans avoir ralenti son allure, et la grille était refermée déjà que les roues criaient encore sur le sable de l’allée.

Au côté gauche du perron la voiture s’arrêta ; deux hommes parurent à la portière : l’un était Ali, qui sourit à son maître avec une incroyable franchise de joie, et qui se trouva payé par un simple regard de Monte-Cristo.

L’autre salua humblement et présenta son bras au comte pour l’aider à descendre de la voiture.

— Merci, monsieur Bertuccio, dit le comte en sautant légèrement les trois degrés du marchepied ; et le notaire ?

— Il est dans le petit salon, Excellence, répondit Bertuccio.

— Et les cartes de visite que je vous ai dit de faire graver dès que vous auriez le numéro de la maison ?