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Il savait que j’arriverais aujourd’hui à dix heures ; depuis neuf heures il m’attendait à la barrière de Fontainebleau ; il m’a remis ce papier ; c’est ma nouvelle adresse : tenez, lisez.

Et Monte-Cristo passa un papier à Albert.

— Champs-Élysées, 30, lut Morcerf.

— Ah ! voilà qui est vraiment original ! ne put s’empêcher de dire Beauchamp.

— Et très princier, ajouta Château-Renaud.

— Comment ! vous ne connaissez pas votre maison ? demanda Debray.

— Non, dit Monte-Cristo, je vous ai déjà dit que je ne voulais pas manquer l’heure. J’ai fait ma toilette dans ma voiture et je suis descendu à la porte du vicomte.

Les jeunes gens se regardèrent ; ils ne savaient si c’était une comédie jouée par Monte-Cristo ; mais tout ce qui sortait de la bouche de cet homme avait, malgré son caractère original, un tel cachet de simplicité, que l’on ne pouvait supposer qu’il dût mentir. D’ailleurs pourquoi aurait-il menti ?

— Il faudra donc nous contenter, dit Beauchamp, de rendre à M. le comte tous les petits services qui seront en notre pouvoir. Moi, en ma qualité de journaliste, je lui ouvre tous les théâtres de Paris.

— Merci, monsieur, dit en souriant Monte-Cristo ; mon intendant a déjà l’ordre de me louer une loge dans chacun d’eux.

— Et votre intendant est-il aussi un Nubien, un muet ? demanda Debray.

— Non, monsieur, c’est tout bonnement un compatriote à vous, si tant est cependant qu’un Corse soit compatriote de quelqu’un : mais vous le connaissez, monsieur de Morcerf.