laquelle il n’y ait un télégraphe, et la moindre grotte un peu noire dans laquelle un commissaire de police n’ait fait poser un bec de gaz. Il n’y a donc qu’un seul service que je puisse vous rendre, mon cher comte, et pour celui-là je me mets à votre disposition : vous présenter partout, ou vous faire présenter par mes amis, cela va sans dire. D’ailleurs, vous n’avez besoin de personne pour cela ; avec votre nom, votre fortune et votre esprit (Monte-Cristo s’inclina avec un sourire légèrement ironique), on se présente partout soi-même, et l’on est bien reçu partout. Je ne peux donc en réalité vous être bon qu’à une chose. Si quelque habitude de la vie parisienne, quelque expérience du confortable, quelque connaissance de nos bazars, peuvent me recommander à vous, je me mets à votre disposition pour vous trouver une maison convenable. Je n’ose vous proposer de partager mon logement comme j’ai partagé le vôtre à Rome, moi qui ne professe pas l’égoïsme, mais qui suis égoïste par excellence ; car chez moi, excepté moi, il ne tiendrait pas une ombre, à moins que cette ombre ne fût celle d’une femme.
— Ah ! fit le comte, voici une réserve toute conjugale. Vous m’avez en effet, Monsieur, dit à Rome quelques mots d’un mariage ébauché ; dois-je vous féliciter sur votre prochain bonheur ?
— La chose est toujours à l’état de projet, monsieur le comte.
— Et qui dit projet, reprit Debray, veut dire éventualité.
— Non pas ! dit Morcerf ; mon père y tient, et j’espère bien, avant peu, vous présenter, sinon ma femme, du moins ma future : mademoiselle Eugénie Danglars.
— Eugénie Danglars ! reprit Monte-Cristo ;