Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 3.djvu/316

Cette page a été validée par deux contributeurs.

avoir sans affectation interrogé chaque touffe de feuillage et plongé son regard dans le fond de toutes les allées.

Ces précautions prises, elle courut à la grille.

— Bonjour, Valentine, dit une voix.

— Bonjour, Maximilien ; je vous ai fait attendre, mais vous avez vu la cause ?

— Oui, j’ai reconnu mademoiselle Danglars, je ne vous croyais pas si liée avec cette jeune personne.

— Qui vous a donc dit que nous étions liées, Maximilien ?

— Personne ; mais il m’a semblé que cela ressortait de la façon dont vous vous donniez le bras, de la façon dont vous causiez : on eût dit deux compagnes de pension se faisant des confidences.

— Nous nous faisions nos confidences, en effet, dit Valentine, elle m’avouait sa répugnance pour un mariage avec M. de Morcerf, et moi, je lui avouais de mon côté que je regardais comme un malheur d’épouser M. d’Épinay.

— Chère Valentine !

— Voilà pourquoi, mon ami, continua la jeune fille, vous avez vu cette apparence d’abandon entre moi et Eugénie ; c’est que, tout en parlant de l’homme que je ne puis aimer, je pensais à l’homme que j’aime.

— Que vous êtes bonne en toutes choses, Valentine, et que vous avez en vous une chose que mademoiselle Danglars n’aura jamais : c’est ce charme indéfini qui est à la femme ce que le parfum est à la fleur, ce que la saveur est au fruit ; car ce n’est pas le tout pour une fleur que d’être belle, ce n’est pas le tout pour un fruit que d’être beau.

— C’est votre amour qui vous fait voir les choses ainsi, Maximilien.

— Non, Valentine, je vous jure. Tenez, je vous regardais