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— « Enlevé dans sa jeunesse, soit par un ennemi de sa noble famille, soit par des Bohémiens. »

— À l’âge de cinq ans, monsieur, dit le Lucquois avec un profond soupir et en levant les yeux au ciel.

— Pauvre père ! dit Monte-Cristo.

Le comte continua :

— « Je lui rends l’espoir, je lui rends la vie, monsieur le comte, en lui annonçant que ce fils, que depuis quinze ans il cherche vainement, vous pouvez le lui faire retrouver. »

Le Lucquois regarda Monte-Cristo avec une indéfinissable expression d’inquiétude.

— Je le puis, répondit Monte-Cristo.

Le major se redressa.

— Ah ! ah ! dit-il, la lettre était donc vraie jusqu’au bout ?

— En aviez-vous douté, cher monsieur Bartolomeo ?

— Non pas, jamais ! Comment donc ! un homme grave, un homme revêtu d’un caractère religieux comme l’abbé Busoni, ne se serait pas permis une plaisanterie pareille ; mais vous n’avez pas tout lu, Excellence.

— Ah ! c’est vrai, dit Monte-Cristo, il y a un post-scriptum.

— Oui, répéta le Lucquois… oui… il… y… a… un… post-scriptum.

— « Pour ne point causer au major Cavalcanti l’embarras de déplacer des fonds chez son banquier, je lui envoie une traite de deux mille francs pour ses frais de voyage, et le crédit sur vous de la somme de quarante-huit mille francs que vous restez me redevoir. »

Le major suivit des yeux ce post-scriptum avec une visible anxiété.

— Bon ! se contenta de dire le comte.