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cependant entendu des personnes qui étaient les plus proches d’elle et d’Ali, qui aussitôt ouvrit la porte.

— Tiens, dit Eugénie, que vient-il donc d’arriver à votre pupille, monsieur le comte ? On dirait qu’elle se trouve mal.

— En effet, dit le comte, mais ne vous effrayez point, mademoiselle : Haydée est très nerveuse et par conséquent très sensible aux odeurs : un parfum qui lui est antipathique suffit pour la faire évanouir ; mais, ajouta le comte en tirant un flacon de sa poche, j’ai là le remède.

Et, après avoir salué la baronne et sa fille d’un seul et même salut, il échangea une dernière poignée de main avec le comte et avec Debray, et sortit de la loge de madame Danglars.

Quand il entra dans la sienne, Haydée était encore fort pâle ; à peine parut-il qu’elle lui saisit la main.

Monte-Cristo s’aperçut que les mains de la jeune fille étaient humides et glacées à la fois.

— Avec qui donc causais-tu là, seigneur ? demanda la jeune fille.

— Mais, répondit Monte-Cristo, avec le comte de Morcerf, qui a été au service de ton illustre père, et qui avoue lui devoir sa fortune.

— Ah ! le misérable ! s’écria Haydée, c’est lui qui l’a vendu aux Turcs ; et cette fortune, c’est le prix de sa trahison. Ne savais-tu donc pas cela, mon cher seigneur ?

— J’avais bien déjà entendu dire quelques mots de cette histoire en Épire, dit Monte-Cristo, mais j’en ignore les détails. Viens, ma fille, tu me les donneras, ce doit être curieux.

— Oh ! oui, viens, viens ; il me semble que je mourrais si je restais plus longtemps en face de cet homme.

Et Haydée, se levant vivement, s’enveloppa de son