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— Oh ! mon Dieu, oui ; personne n’avait fait attention à un cheval inscrit sous le nom de Vampa et à un jockey inscrit sous le nom de Job, quand on a vu s’avancer tout à coup un admirable alezan et un jockey gros comme le poing ; on a été obligé de lui fourrer vingt livres de plomb dans ses poches, ce qui ne l’a pas empêché d’arriver au but trois longueurs de cheval avant Ariel et Barbaro, qui couraient avec lui.

— Et l’on n’a pas su à qui appartenaient le cheval et le jockey ?

— Non.

— Vous dites que ce cheval était inscrit sous le nom de…

Vampa.

— Alors, dit Albert, je suis plus avancé que vous, je sais à qui il appartenait, moi.

— Silence donc ! cria pour la troisième fois le parterre.

Cette fois la levée de boucliers était si grande, que les deux jeunes gens s’aperçurent enfin que c’était à eux que le public s’adressait. Ils se retournèrent un instant, cherchant dans cette foule un homme qui prît la responsabilité de ce qu’ils regardaient comme une impertinence ; mais personne ne réitéra l’invitation, et ils se retournèrent vers la scène.

En ce moment la loge du ministre s’ouvrait, et madame Danglars, sa fille et Lucien Debray prenaient leurs places.

— Ah ! ah ! dit Château-Renaud, voilà des personnes de votre connaissance vicomte. Que diable regardez-vous donc à droite ? On vous cherche.

Albert se retourna et ses yeux rencontrèrent effectivement ceux de la baronne Danglars, qui lui fit avec son éventail un petit salut. Quant à mademoiselle Eugénie,