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Madame Danglars laissa tomber sur son mari un regard écrasant.

— Oh ! mon Dieu ! s’écria Debray.

— Quoi donc ? demanda la baronne.

— Mais je ne me trompe pas, ce sont vos chevaux, vos propres chevaux attelés à la voiture du comte.

— Mes gris-pommelé ! s’écria Mme Danglars.

Et elle s’élança vers la fenêtre. En effet, ce sont eux, dit-elle.

Danglars était stupéfait.

— Est-ce possible ? dit Monte-Cristo en jouant l’étonnement.

— C’est incroyable ! murmura le banquier.

La baronne dit deux mots à l’oreille de Debray, qui s’approcha à son tour de Monte-Cristo.

— La baronne vous fait demander combien son mari vous a vendu son attelage.

— Mais je ne sais trop, dit le comte, c’est une surprise que mon intendant m’a faite, et… qui m’a coûté trente mille francs, je crois.

Debray alla reporter la réponse à la baronne.

Danglars était si pâle et si décontenancé, que le comte eut l’air de le prendre en pitié.

— Voyez, lui dit-il, combien les femmes sont ingrates : cette prévenance de votre part n’a pas touché un instant la baronne ; ingrate n’est pas le mot, c’est folle que je devrais dire. Mais que voulez-vous, on aime toujours ce qui nuit ; aussi, le plus court, croyez-moi, cher baron, est toujours de les laisser faire à leur tête ; si elles se la brisent, au moins, ma foi ! elles ne peuvent s’en prendre qu’à elles.

Danglars ne répondit rien, il prévoyait dans un prochain avenir une scène désastreuse ; déjà le sourcil de