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— Monsieur le comte parle-t-il sérieusement ? demanda Bertuccio.

Monte-Cristo regarda l’intendant en homme étonné qu’on ose lui faire une question.

— Ce soir, dit-il, j’ai une visite à rendre ; je veux que ces deux chevaux soient attelés à ma voiture avec un harnais neuf.

Bertuccio se retira en saluant ; près de la porte, il s’arrêta :

— À quelle heure, dit-il, Son Excellence compte-t-elle faire cette visite ?

— À cinq heures, dit Monte-Cristo.

— Je ferai observer à Votre Excellence qu’il est deux heures, hasarda l’intendant.

— Je le sais, se contenta de répondre Monte-Cristo ; puis se retournant vers Ali :

— Faites passer tous les chevaux devant madame, dit-il, qu’elle choisisse l’attelage qui lui conviendra le mieux, et qu’elle me fasse dire si elle veut dîner avec moi : dans ce cas on servira chez elle ; allez ; en descendant, vous m’enverrez le valet de chambre.

Ali venait à peine de disparaître, que le valet de chambre entra à son tour.

— Monsieur Baptistin, dit le comte, depuis un an vous êtes à mon service ; c’est le temps d’épreuve que j’impose d’ordinaire à mes gens : vous me convenez.

Baptistin s’inclina.

— Reste à savoir si je vous conviens.

— Oh ! monsieur le comte ! se hâta de dire Baptistin.

— Écoutez jusqu’au bout, reprit le comte. Vous gagnez par an quinze cents francs, c’est-à-dire les appointements d’un bon et brave officier qui risque tous les jours sa vie ; vous avez une table telle que beaucoup de