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Caderousse referma la porte ; sa femme alluma une chandelle au brasier mourant.

— Tenez, dit-elle au bijoutier, vous devez être fatigué ; j’ai mis des draps blancs au lit, montez vous coucher et dormez bien.

Joannès resta encore un instant pour s’assurer que l’ouragan ne se calmait point, et lorsqu’il eut acquis la certitude que le tonnerre et la pluie ne faisaient qu’aller en augmentant, il souhaita le bonjour à ses hôtes et monta l’escalier.

Il passait au-dessus de ma tête, et j’entendais chaque marche craquer sous ses pas.

La Carconte le suivit d’un œil avide, tandis qu’au contraire Caderousse lui tournait le dos et ne regardait pas même de son côté.

Tous ces détails, qui sont revenus à mon esprit depuis ce temps-là, ne me frappèrent point au moment où ils se passaient sous mes yeux ; il n’y avait, à tout prendre, rien que de naturel dans ce qui arrivait, et, à part l’histoire du diamant qui me paraissait un peu invraisemblable, tout allait de source.

Aussi comme j’étais écrasé de fatigue, que je comptais profiter moi-même du premier répit que la tempête donnerait aux éléments, je résolus de dormir quelques heures et de m’éloigner au milieu de la nuit.

J’entendais dans la pièce au-dessus le bijoutier, qui prenait de son côté toutes ses dispositions pour passer la meilleure nuit possible. Bientôt son lit craqua sous lui ; il venait de se coucher.

Je sentais mes yeux qui se fermaient malgré moi, et comme je n’avais conçu aucun soupçon, je ne tentai point de lutter contre le sommeil ; je jetai un dernier regard sur l’intérieur de la cuisine. Caderousse était assis à côté