Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 2.djvu/96

Cette page a été validée par deux contributeurs.

vices que Dantès avait rendus à la cause impériale, services que le certificat de Villefort rendait incontestables. Alors il comprit tout. Cette demande à Napoléon, gardée par Villefort, était devenue sous la seconde restauration une arme terrible entre les mains du procureur du roi. Il ne s’étonna donc plus en feuilletant le registre de cette note mise en accolade en regard de son nom :

Edmond Dantès, Bonapartiste enragé, a pris une part active au retour de l’île d’Elbe.
À tenir au plus grand secret et sous la plus stricte surveillance.

Au-dessous de ces lignes était écrit d’une autre écriture :

« Vu la note ci-dessus, rien à faire. »

Seulement en comparant l’écriture de l’accolade avec celle du certificat placé au bas de la demande de Morrel, il acquit la certitude que la note de l’accolade était de la même écriture que le certificat, c’est-à-dire tracée par la main de Villefort.

Quant à la note qui accompagnait la note, l’Anglais comprit qu’elle avait dû être consignée par quelque inspecteur qui avait pris un intérêt passager à la situation de Dantès, mais que le renseignement que nous venons de citer avait mis dans l’impossibilité de donner suite à cet intérêt.

Comme nous l’avons dit, l’inspecteur, par discrétion et pour ne pas gêner l’élève de l’abbé Faria dans ses recherches, s’était éloigné et lisait le Drapeau blanc.

Il ne vit donc pas l’Anglais plier et mettre dans sa poche la dénonciation écrite par Danglars sous la tonnelle de la Réserve, et portant le timbre de la poste de Marseille, 27 février, levée de 6 heures du soir.