Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 2.djvu/69

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— À quoi êtes-vous décidé ? demanda l’abbé.

— À tout vous dire, répondit celui-ci.

— Je crois, en vérité, que c’est ce qu’il y a de mieux à faire, dit le prêtre ; non pas que je tienne à savoir les choses que vous voudriez me cacher ; mais enfin, si vous pouvez m’amener à distribuer les legs selon les vœux du testateur, ce sera mieux.

— Je l’espère, répondit Caderousse les joues enflammées par la rougeur de l’espérance et de la cupidité.

— Je vous écoute, dit l’abbé.

— Attendez, reprit Caderousse, on pourrait nous interrompre à l’endroit le plus intéressant, et ce serait désagréable ; d’ailleurs il est inutile que personne sache que vous êtes venu ici.

Et il alla à la porte de son auberge et ferma la porte, à laquelle, pour surcroît de précaution, il mit la barre de nuit.

Pendant ce temps, l’abbé avait choisi sa place pour écouter tout à son aise ; il s’était assis dans un angle, de manière à demeurer dans l’ombre tandis que la lumière tomberait en plein sur le visage de son interlocuteur. Quant à lui, la tête inclinée, les mains jointes ou plutôt crispées, il s’apprêtait à écouter de toutes ses oreilles.

Caderousse approcha un escabeau et s’assit en face de lui.

— Souviens-toi que je ne te pousse à rien ! dit la voix tremblotante de la Carconte, comme si, à travers le plancher, elle eût pu voir la scène qui se préparait.

— C’est bien, c’est bien, dit Caderousse, n’en parlons plus ; je prends tout sur moi.

Et il commença.