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colonne, et lisait, tournant le dos aux arcades par l’ouverture desquelles les nouveaux arrivés le regardaient.

C’était le chef de la bande, Luigi Vampa.

Tout autour de lui, groupés selon leur caprice, couchés dans leurs manteaux ou adossés à une espèce de banc de pierre qui régnait tout autour du columbarium, on distinguait une vingtaine de brigands ; chacun avait sa carabine à la portée de la main.

Au fond, silencieuse, à peine visible et pareille à une ombre, une sentinelle se promenait de long en large devant une espèce d’ouverture qu’on ne distinguait que parce que les ténèbres semblaient plus épaisses en cet endroit.

Lorsque le comte crut que Franz avait suffisamment réjoui ses regards de ce pittoresque tableau, il porta le doigt à ses lèvres pour lui recommander le silence, et montant les trois marches qui conduisaient du corridor au columbarium, il entra dans la chambre par l’arcade du milieu et s’avança vers Vampa, qui était si profondément plongé dans sa lecture qu’il n’entendit point le bruit de ses pas.

— Qui vive ? cria la sentinelle moins préoccupée, et qui vit à la lueur de la lampe une espèce d’ombre qui grandissait derrière son chef.

À ce cri Vampa se leva vivement, tirant du même coup un pistolet de sa ceinture.

En un instant tous les bandits furent sur pied, et vingt canons de carabine se dirigèrent sur le comte.

— Eh bien ! dit tranquillement celui-ci d’une voix parfaitement calme et sans qu’un seul muscle de son visage bougeât ; eh bien ! mon cher Vampa, il me semble que voilà bien des frais pour recevoir un ami !

— Armes bas ! cria le chef en faisant un signe