Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 2.djvu/31

Cette page a été validée par deux contributeurs.

des chevreaux qui bondissaient parmi les myrtes et les lentisques sur ces rochers sauvages, prit son fusil d’une main, sa pioche de l’autre, et courut à cette roche à laquelle aboutissaient les entailles qu’il avait remarquées sur les rochers.

— Et maintenant, s’écria-t-il en se rappelant cette histoire du pêcheur arabe que lui avait raconté Faria, maintenant, Sésame, ouvre-toi !



III

ÉBLOUISSEMENT.

Le soleil était arrivé au tiers de sa course à peu près, et ses rayons de mai donnaient, chauds et vivifiants, sur ces rochers, qui eux-mêmes semblaient sensibles à sa chaleur ; des milliers de cigales, invisibles dans les bruyères, faisaient entendre leur murmure monotone et continu ; les feuilles des myrtes et des oliviers s’agitaient frissonnantes, et rendaient un bruit presque métallique ; à chaque pas que faisait Edmond sur le granit échauffé, il faisait fuir des lézards qui semblaient des émeraudes ; on voyait bondir au loin, sur les talus inclinés, les chèvres sauvages qui parfois y attirent les chasseurs : en un mot l’île était habitée, vivante, animée, et cependant Edmond s’y sentait seul sous la main de Dieu.

Il éprouvait je ne sais quelle émotion assez semblable à de la crainte : c’était cette défiance du grand jour, qui fait supposer, même dans le désert, que des yeux inquisiteurs sont ouverts sur nous.

Ce sentiment fut si fort, qu’au moment de se mettre à