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renvoyé sa voiture en lui donnant l’ordre pour deux heures ; mais, par bonheur, le palais Bracciano, qui donne d’un côté rue du Cours et de l’autre place des Saints-Apôtres, est à dix minutes de chemin à peine de l’hôtel de Londres. En approchant de l’hôtel, Franz vit un homme debout au milieu de la rue ; il ne douta pas un seul instant que ce ne fût le messager d’Albert. Cet homme était lui-même enveloppé d’un grand manteau. Il alla à lui ; mais au grand étonnement de Franz, ce fut cet homme qui lui adressa la parole le premier.

— Que me voulez-vous, Excellence ? dit-il, en faisant un pas en arrière comme un homme qui désire demeurer sur ses gardes.

— N’est-ce pas vous, demanda Franz, qui m’apportez une lettre du vicomte de Morcerf ?

— C’est Votre Excellence qui loge à l’hôtel de Pastrini ?

— Oui.

— C’est Votre Excellence qui est le compagnon de voyage du vicomte ?

— Oui.

— Comment s’appelle Votre Excellence ?

— Le baron Franz d’Épinay.

— C’est bien à Votre Excellence alors que cette lettre est adressée.

— Y a-t-il une réponse ? demanda Franz en lui prenant la lettre des mains.

— Oui, du moins votre ami l’espère bien.

— Montez chez moi, alors, je vous la donnerai.

— J’aime mieux l’attendre ici, dit en riant le messager.

— Pourquoi cela ?

— Votre Excellence comprendra la chose quand elle aura lu la lettre.