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l’échafaud, entre lesquelles brillait le fer arrondi de la mandaïa.

À l’angle de la rue on trouva l’intendant du comte, qui attendait son maître.

La fenêtre, louée à ce prix exorbitant, sans doute dont le comte n’avait point voulu faire part à ses invités, appartenait au second étage du grand palais, situé entre la rue del Babuino et le monte Pincio ; c’était, comme nous l’avons dit, une espèce de cabinet de toilette donnant dans une chambre à coucher ; en fermant la porte de la chambre à coucher, les locataires du cabinet étaient chez eux ; sur les chaises on avait déposé des costumes de paillasse en satin blanc et bleu des plus élégants.

— Comme vous m’avez laissé le choix des costumes, dit le comte aux deux amis, je vous ai fait préparer ceux-ci. D’abord, c’est ce qu’il y aura de mieux porté cette année ; ensuite, c’est ce qu’il y a de plus commode pour les confetti, attendu que la farine n’y paraît pas.

Franz n’entendit que fort imparfaitement les paroles du comte, et il n’apprécia peut-être pas à sa valeur cette nouvelle gracieuseté ; car toute son attention était attirée par le spectacle que présentait la piazza del Popolo, et par l’instrument terrible qui en faisait à cette heure le principal ornement.

C’était la première fois que Franz apercevait une guillotine ; nous disons guillotine, car la mandaïa romaine est taillée à peu près sur le même patron que notre instrument de mort. Le couteau, qui a la forme d’un croissant qui couperait par la partie convexe, tombe de moins haut, voilà tout.

Deux hommes, assis sur la planche à bascule où l’on couche le condamné, déjeunaient en attendant, et mangeaient, autant que Franz put le voir, du pain et des