désirs infinis ! Cependant, par une route perdue entre deux murailles de roches, suivant un sentier creusé par le torrent et que, selon toute probabilité, jamais pied humain n’avait foulé, Dantès s’était approché de l’endroit où il supposait que les grottes avaient dû exister. Tout en suivant le rivage de la mer et en examinant les moindres objets avec une attention sérieuse, il crut remarquer sur certains rochers des entailles creusées par la main de l’homme.
Le temps, qui jette sur toute chose physique son manteau de mousse, comme sur les choses morales son manteau d’oubli, semblait avoir respecté ces signes tracés avec une certaine régularité, et dans le but probablement d’indiquer une trace. De temps en temps cependant ces signes disparaissaient sous des touffes de myrtes, qui s’épanouissaient en gros bouquets chargés de fleurs, ou sous des lichens parasites. Il fallait alors qu’Edmond écartât les branches ou soulevât les mousses pour retrouver les signes indicateurs qui le conduisaient dans cet autre labyrinthe. Ces signes avaient au reste donné bon espoir à Edmond. Pourquoi ne serait-ce pas le cardinal qui les aurait tracés pour qu’ils pussent, au cas d’une catastrophe qu’il n’avait pas pu prévoir si complète, servir de guide à son neveu ? Ce lieu solitaire était bien celui qui convenait à un homme qui voulait enfouir un trésor. Seulement ces signes infidèles n’avaient-ils pas attiré d’autres yeux que ceux pour lesquels ils étaient tracés, et l’île aux sombres merveilles avait-elle fidèlement gardé son magnifique secret ?
Cependant, à soixante pas du port à peu près, il sembla à Edmond, toujours caché à ses compagnons par les accidents du terrain, que les entailles s’arrêtaient ; seulement elles n’aboutissaient à aucune grotte. Un gros rocher rond, posé sur une base solide était le seul but