des moments indiqués, où chacun alors se retournait soit pour entendre une portion du récitatif de Coselli, soit pour applaudir quelque trait brillant de Moriani, soit pour crier bravo à la Spech ; puis les conversations particulières reprenaient leur train habituel.
Vers la fin du premier acte, la porte d’une loge restée vide jusque-là s’ouvrit, et Franz vit entrer une personne à laquelle il avait eu l’honneur d’être présenté à Paris et qu’il croyait encore en France. Albert vit le mouvement que fit son ami à cette apparition, et se retournant vers lui :
— Est-ce que vous connaissez cette femme ? dit-il.
— Oui ; comment la trouvez-vous ?
— Charmante, mon cher, et blonde. Oh ! les adorables cheveux ! C’est une Française ?
— C’est une Vénitienne.
— Et vous l’appelez ?
— La comtesse G…
— Oh ! je la connais de nom, s’écria Albert ; on la dit aussi spirituelle que jolie. Parbleu, quand je pense que j’aurais pu me faire présenter à elle au dernier bal de madame de Villefort, où elle était, et que j’ai négligé cela : je suis un grand niais !
— Voulez-vous que je répare ce tort ? demanda Franz.
— Comment ! vous la connaissez assez intimement pour me conduire dans sa loge ?
— J’ai eu l’honneur de lui parler trois ou quatre fois dans ma vie ; mais, vous le savez, c’est strictement assez pour ne pas commettre une inconvenance.
En ce moment la comtesse aperçut Franz et lui fit de la main un signe gracieux, auquel il répondit par une respectueuse inclination de tête.
— Ah çà, mais il me semble que vous êtes au mieux avec elle ? dit Albert.