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en retard, répondit l’étranger dans le plus pur toscan ; ainsi pas de cérémonie : d’ailleurs m’eussiez-vous fait attendre, que je me serais bien douté que c’était par quelque motif indépendant de votre volonté.

— Et vous auriez eu raison, Excellence ; je viens du château Saint-Ange, et j’ai eu toutes les peines du monde à parler à Beppo.

— Qu’est-ce que Beppo ?

— Beppo est un employé de la prison, à qui je fais une petite rente pour savoir ce qui se passe dans l’intérieur du château de Sa Sainteté.

— Ah ! ah ! je vois que vous êtes homme de précaution, mon cher !

— Que voulez-vous, Excellence ! on ne sait pas ce qui peut arriver ; peut-être moi aussi serai-je un jour pris au filet comme ce pauvre Peppino, et aurai-je besoin d’un rat pour ronger quelques mailles de ma prison.

— Bref, qu’avez-vous appris ?

— Il y aura deux exécutions mardi à deux heures, comme c’est l’habitude à Rome lors des ouvertures des grandes fêtes. Un condamné sera mazzolato ; c’est un misérable qui a tué un prêtre qui l’avait élevé, et qui ne mérite aucun intérêt. L’autre sera decapitato, et celui-là, c’est le pauvre Peppino.

— Que voulez-vous, mon cher, vous inspirez une si grande terreur, non seulement au gouvernement pontifical, mais encore aux royaumes voisins, qu’on veut absolument faire un exemple.

— Mais Peppino ne fait pas même partie de ma bande ; c’est un pauvre berger qui n’a commis d’autre crime que de nous fournir des vivres.

— Ce qui le constitue parfaitement votre complice. Aussi, voyez qu’on a des égards pour lui, au lieu de