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cents pour vous si vous nous aviez aidés à le prendre.

Les deux jeunes gens échangèrent un regard. Le brigadier eut un instant d’espérance. Cinq cents écus romains font trois mille francs, et trois mille francs sont une fortune pour deux pauvres orphelins qui vont se marier.

— Oui, c’est fâcheux, dit Vampa, mais nous ne l’avons pas vu.

Alors les carabiniers battirent le pays dans des directions différentes, mais inutilement.

Puis, successivement ils disparurent.

Alors Vampa alla tirer la pierre, et Cucumetto sortit.

Il avait vu, à travers les jours de la porte de granit, les deux jeunes gens causer avec les carabiniers ; il s’était douté du sujet de leur conversation, il avait lu sur le visage de Luigi et de Teresa l’inébranlable résolution de ne point le livrer et tira de sa poche une bourse pleine d’or et la leur offrit.

Mais Vampa releva la tête avec fierté ; quant à Teresa, ses yeux brillèrent en pensant à tout ce qu’elle pourrait acheter de riches bijoux et de beaux habits avec cette bourse pleine d’or.

Cucumetto était un satan fort habile : il avait pris la forme d’un bandit au lieu de celle d’un serpent ; il surprit ce regard, reconnut dans Teresa une digne fille d’Ève, et rentra dans la forêt en se retournant plusieurs fois sous prétexte de saluer ses libérateurs.

Plusieurs jours s’écoulèrent sans que l’on revît Cucumetto, sans qu’on entendît reparler de lui.

Le temps du carnaval approchait. Le comte de San-Felice annonça un grand bal masqué où tout ce que Rome avait de plus élégant fut invité.

Teresa avait grande envie de voir ce bal. Luigi demanda à son protecteur l’intendant la permission pour elle et