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Tous les yeux se portèrent sur Carlini : la gaine était vide à sa ceinture.

— Ah ! ah ! dit le chef, je comprends maintenant pourquoi Carlini était resté en arrière.

Toute nature sauvage est apte à apprécier une action forte ; quoique peut-être aucun des bandits n’eût fait ce que venait de faire Carlini, tous comprirent ce qu’il avait fait.

— Eh bien ! dit Carlini en se levant à son tour et en s’approchant du cadavre la main sur la crosse d’un de ses pistolets, y a-t-il encore quelqu’un qui me dispute cette femme ?

— Non, dit le chef, elle est à toi !

Alors Carlini la prit à son tour dans ses bras, et l’emporta hors du cercle de lumière que projetait la flamme du foyer.

Cucumetto disposa les sentinelles comme d’habitude, et les bandits se couchèrent, enveloppés dans leurs manteaux, autour du foyer.

À minuit la sentinelle donna l’éveil, et en un instant le chef et ses compagnons furent sur pied.

C’était le père de Rita, qui arrivait lui-même portant la rançon de sa fille.

— Tiens, dit-il à Cucumetto en lui tendant un sac d’argent, voici trois cents pistoles, rends-moi mon enfant.

Mais le chef, sans prendre l’argent, lui fit signe de le suivre. Le vieillard obéit ; tous deux s’éloignèrent sous les arbres, à travers les branches desquels filtraient les rayons de la lune. Enfin Cucumetto s’arrêta étendant la main et montrant au vieillard deux personnes groupées au pied d’un arbre :

— Tiens, lui dit-il, demande ta fille à Carlini, c’est lui qui t’en rendra compte.