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bien sortir par l’une, mais que je doute que vous rentriez par l’autre.

— Pourquoi cela ? demanda Franz.

— Parce que, la nuit venue, on n’est plus en sûreté à cinquante pas des portes.

— D’honneur ? s’écria Albert.

— Monsieur le vicomte, dit maître Pastrini toujours blessé jusqu’au fond du cœur du doute émis par Albert sur sa véracité, ce que je dis n’est pas pour vous, c’est pour votre compagnon de voyage, qui connaît Rome, lui, et qui sait qu’on ne badine pas avec ces choses-là.

— Mon cher, dit Albert s’adressant à Franz, voici une aventure admirable toute trouvée : nous bourrons notre calèche de pistolets, de tromblons et de fusils à deux coups. Luigi Vampa vient pour nous arrêter, nous l’arrêtons. Nous le ramenons à Rome ; nous en faisons hommage à Sa Sainteté, qui nous demande ce qu’elle peut faire pour reconnaître un si grand service. Alors nous réclamons purement et simplement un carrosse et deux chevaux de ses écuries, et nous voyons le carnaval en voiture ; sans compter que probablement le peuple romain, reconnaissant, nous couronne au Capitole et nous proclame, comme Curtius et Horatius Coclès, les sauveurs de la patrie.

Pendant qu’Albert déduisait cette proposition, maître Paitrini faisait une figure qu’on essayerait vainement de décrire.

— Et d’abord, demanda Franz à Albert, où prendrez-vous ces pistolets, ces tromblons, ces fusils à deux coups dont vous voulez farcir votre voiture ?

— Le fait est que ce ne sera pas dans mon arsenal, dit-il ; car à la Terracine on m’a pris jusqu’à mon couteau-poignard ; et à vous ?