aperçut encore, comme une mouette bercée au sommet d’une vague, le petit yacht qui continuait de s’avancer vers la Corse.
— Mais, dit-il à Gaetano, vous m’avez annoncé que le seigneur Simbad faisait voile pour Malaga, tandis qu’il me semble à moi qu’il se dirige directement vers Porto-Vecchio.
— Ne vous rappelez-vous plus, reprit le patron, que parmi les gens de son équipage je vous ai dit qu’il y avait pour le moment deux bandits corses ?
— C’est vrai ! et il va les jeter sur la côte ? dit Franz.
— Justement. Ah ! c’est un individu, s’écria Gaetano, qui ne craint ni Dieu ni diable, à ce qu’on dit, et qui se dérangera de cinquante lieues de sa route pour rendre service à un pauvre homme.
— Mais ce genre de service pourrait bien le brouiller avec les autorités du pays où il exerce ce genre de philanthropie, dit Franz.
— Ah bien ! dit Gaetano en riant, qu’est-ce que ça lui fait à lui, les autorités ! il s’en moque pas mal ! On n’a qu’à essayer de le poursuivre. D’abord son yacht n’est pas un navire, c’est un oiseau, et il rendrait trois nœuds sur douze à une frégate ; et puis il n’a qu’à se jeter lui-même à la côte, est-ce qu’il ne trouvera pas partout des amis ?
Ce qu’il y avait de plus clair dans tout cela, c’est que le seigneur Simbad, l’hôte de Franz, avait l’honneur d’être en relation avec les contrebandiers et les bandits de toutes les côtes de la Méditerranée ; ce qui ne laissait pas que d’établir pour lui une position assez étrange.
Quant à Franz, rien ne le retenait plus à Monte-Cristo, il avait perdu tout espoir de trouver le secret de la grotte ; il se hâta donc de déjeuner en ordonnant à ses hommes