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nous n’avons pas trouvé le plus petit passage. Au reste, on dit que la porte ne s’ouvre pas avec une clef, mais avec un mot magique.

Allons, décidément, murmura Franz, me voilà embarqué dans un conte des Mille et une Nuits.

— Son Excellence vous attend, dit derrière lui une voix qu’il reconnut pour celle de la sentinelle.

Le nouveau venu était accompagné de deux hommes de l’équipage du yacht.

Pour toute réponse, Franz tira son mouchoir et le présenta à celui qui lui avait adressé la parole.

Sans dire une seule parole, on lui banda les yeux avec un soin qui indiquait la crainte qu’il ne commît quelque indiscrétion ; après quoi on lui fit jurer qu’il n’essayerait en aucune façon d’ôter son bandeau.

Il jura.

Alors les deux hommes le prirent chacun par un bras, et il marcha guidé par eux et précédé de la sentinelle.

Après une trentaine de pas, il sentit, à l’odeur de plus en plus appétissante du chevreau, qu’il repassait devant le bivouac ; puis on lui fit continuer sa route pendant une cinquantaine de pas encore, en avançant évidemment du côté où l’on n’avait pas voulu laisser pénétrer Gaetano : défense qui s’expliquait maintenant. Bientôt, au changement d’atmosphère, il comprit qu’il entrait dans un souterrain ; au bout de quelques secondes de marche, il entendit un craquement, et il lui sembla que l’atmosphère changeait encore de nature et devenait tiède et parfumée ; enfin il sentit que ses pieds posaient sur un tapis épais et moelleux ; ses guides l’abandonnèrent. Il se fit un instant de silence, et une voix dit en bon français, quoique avec un accent étranger :