chez ces hôtes magnifiques qui font les honneurs de Florence, il lui prit fantaisie, ayant déjà vu la Corse, ce berceau de Bonaparte, d’aller voir l’île d’Elbe, ce grand relais de Napoléon.
Un soir donc il détacha une barchetta de l’anneau de fer qui la scellait au port de Livourne, se coucha au fond dans son manteau, en disant aux mariniers ces seules paroles : « À l’île d’Elbe ! »
La barque quitta le port comme l’oiseau de mer quitte son nid, et le lendemain elle débarquait Franz à Porto-Ferrajo.
Franz traversa l’île impériale après avoir suivi toutes les traces que les pas du géant y a laissées, et alla s’embarquer à Marciana.
Deux heures après avoir quitté la terre, il la reprit pour descendre à la Pianosa, où l’attendaient, assurait-on, des vols infinis de perdrix rouges.
La chasse fut mauvaise. Franz tua à grand-peine quelques perdrix maigres, et, comme tout chasseur qui s’est fatigué pour rien, il remonta dans sa barque d’assez mauvaise humeur.
— Ah ! si Votre Excellence voulait, lui dit le patron, elle ferait une belle chasse !
— Et où cela ?
— Voyez-vous cette île ? continua le patron en étendant le doigt vers le midi et en montrant une masse conique qui sortait du milieu de la mer teintée du plus bel indigo.
— Eh bien, qu’est-ce que cette île ? demanda Franz.
— L’île de Monte-Cristo, répondit le Livournais.
— Mais je n’ai pas de permission pour chasser dans cette île.
— Votre Excellence n’en a pas besoin, l’île est déserte.