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— Sauvé ! mon enfant ! dit Morrel ; que veux-tu dire ?

— Oui, sauvé ! voyez, voyez, dit la jeune fille.

Morrel prit la bourse et tressaillit, car un vague souvenir lui rappela cet objet pour lui avoir appartenu.

D’un côté était la traite de deux cent quatre-vingt-sept mille cinq cents francs.

La traite était acquittée.

De l’autre était un diamant de la grosseur d’une noisette, avec ces trois mots écrits sur un petit morceau de parchemin :

« Dot de Julie. »

Morrel passa sa main sur son front : il croyait rêver.

En ce moment la pendule sonna onze heures.

Le timbre vibra pour lui comme si chaque coup du marteau d’acier vibrait sur son propre cœur.

— Voyons, mon enfant, dit-il, explique-toi. Où as-tu trouvé cette bourse ?

— Dans une maison des Allées de Meilhan, au no 15, sur le coin de la cheminée d’une pauvre petite chambre au cinquième étage.

— Mais, s’écria Morrel, cette bourse n’est pas à toi.

Julie tendit à son père la lettre qu’elle avait reçue le matin.

— Et tu as été seule dans cette maison ? dit Morrel après avoir lu.

— Emmanuel m’accompagnait, mon père. Il devait m’attendre au coin de la rue du Musée ; mais, chose étrange, à mon retour, il n’y était plus.

— Monsieur Morrel ! s’écria une voix dans l’escalier, monsieur Morrel !

— C’est sa voix, dit Julie.

En même temps Emmanuel entra, le visage bouleversé de joie et d’émotion.