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— Je suis le fils de celui qui s’est tué, parce que, pour la première fois, il a été forcé de manquer à sa parole.

Le jeune homme poussa un gémissement, mais il parut résigné. C’était la seconde fois que la conviction rentrait non pas dans son cœur, mais dans son esprit.

— Et maintenant, dit Morrel, laisse-moi seul et tâche d’éloigner les femmes.

— Ne voulez-vous pas revoir ma sœur ? demanda Maximilien.

Un dernier et sourd espoir était caché pour le jeune homme dans cette entrevue, voilà pourquoi il la proposait. M. Morrel secoua la tête.

— Je l’ai vue ce matin, dit-il, et je lui ai dit adieu.

— N’avez-vous pas quelque recommandation particulière à me faire, mon père ? demanda Maximilien d’une vois, altérée.

— Si fait, mon fils, une recommandation sacrée.

— Dites, mon père.

— La maison Thomson et French est la seule qui, par humanité, par égoïsme peut-être, mais ce n’est pas à moi à lire dans le cœur des hommes, a eu pitié de moi. Son mandataire, celui qui, dans dix minutes, se présentera pour toucher le montant d’une traite de deux cent quatre-vingt-sept mille cinq cents francs, je ne dirai pas m’a accordé, mais m’a offert trois mois. Que cette maison soit remboursée la première, mon fils, que cet homme te soit sacré.

— Oui, mon père, dit Maximilien.

— Et maintenant encore une fois adieu, dit Morrel, va, va j’ai besoin d’être seul ; tu trouveras mon testament dans le secrétaire de ma chambre à coucher.

Le jeune homme resta debout inerte, n’ayant qu’une force de volonté, mais pas d’exécution.