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pas mécontent de vous, tout au contraire. Non, je ne vous renvoie pas. Mais, que voulez-vous, je n’ai plus de bâtiments, je n’ai plus besoin de marins.

— Comment, vous n’avez plus de bâtiments ! dit Penelon, eh bien ! vous en ferez construire d’autres, nous attendrons. Dieu merci ! nous savons ce que c’est que de bourlinguer.

— Je n’ai plus d’argent pour faire construire des bâtiments, Penelon, dit l’armateur avec un triste sourire, je ne puis donc pas accepter votre offre, tout obligeante qu’elle est.

— Eh bien ! si vous n’avez pas d’argent il ne faut pas nous payer ; alors, nous ferons comme a fait ce pauvre Pharaon, nous courrons à sec, voilà tout !

— Assez, assez, mes amis, dit Morrel étouffant d’émotion ; allez, je vous en prie. Nous nous retrouverons dans un temps meilleur. Emmanuel, ajouta l’armateur, accompagnez-les, et veillez à ce que mes désirs soient accomplis.

— Au moins c’est au revoir, n’est-ce pas, monsieur Morrel ? dit Penelon.

— Oui, mes amis, je l’espère, au moins ; allez.

Et il fit un signe à Coclès, qui marcha devant. Les marins suivirent le caissier, et Emmanuel suivit les marins.

— Maintenant, dit l’armateur à sa femme et à sa fille, laissez-moi seul un instant ; j’ai à causer avec Monsieur.

Et il indiqua des yeux le mandataire de la maison Thomson et French, qui était resté debout et immobile dans son coin pendant toute cette scène à laquelle il n’avait pris part que par les quelques mots que nous avons rapportés. Les deux femmes levèrent les yeux sur l’étranger qu’elles avaient complètement oublié, et se