Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 2.djvu/102

Cette page a été validée par deux contributeurs.

autrefois si ferme et si arrêté, était devenu vague et irrésolu, et semblait toujours craindre d’être forcé de s’arrêter ou sur une idée ou sur un homme.

L’Anglais le regarda avec un sentiment de curiosité évidemment mêlé d’intérêt.

— Monsieur, dit Morrel, dont cet examen semblait redoubler le malaise, vous avez désiré me parler ?

— Oui, Monsieur. Vous savez de quelle part je viens, n’est-ce pas ?

— De la part de la maison Thomson et French, à ce que m’a dit mon caissier du moins.

— Il vous a dit la vérité, Monsieur. La maison Thomson et French avait dans le courant de ce mois et du mois prochain trois ou quatre cent mille francs à payer en France, et connaissant votre rigoureuse exactitude, elle a réuni tout le papier qu’elle a pu trouver portant cette signature, et m’a chargé, au fur et à mesure que ces papiers écherraient, d’en toucher les fonds chez vous et de faire emploi de ces fonds.

Morrel poussa un profond soupir, et passa la main sur son front couvert de sueur.

— Ainsi, Monsieur, demanda Morrel, vous avez des traites signées par moi ?

— Oui, Monsieur, pour une somme assez considérable.

— Pour quelle somme ? demanda Morrel d’une voix qu’il tâchait de rendre assurée.

— Mais voici d’abord, dit l’Anglais en tirant une liasse de sa poche, un transport de deux cent mille francs fait à notre maison par M. de Boville, l’inspecteur des prisons. Reconnaissez-vous devoir cette somme à M. de Boville ?

— Oui, Monsieur, c’est un placement qu’il a fait chez moi, à quatre et demi du cent, voici bientôt cinq ans.

— Et que vous devez rembourser…