Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 1.djvu/68

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de la plaisanterie dont vous parliez hier, Danglars ? En ce cas, malheur à celui qui l’aurait faite, car elle est bien triste.

— Pas du tout ! s’écria Danglars, tu sais bien au contraire que j’ai déchiré le papier.

— Tu ne l’as pas déchiré, dit Caderousse ; tu l’as jeté dans un coin, voilà tout.

— Tais-toi, tu n’as rien vu, tu étais ivre.

— Où est Fernand ? demanda Caderousse.

— Le sais-je, moi ? répondit Danglars, à ses affaires probablement : mais, au lieu de nous occuper de cela, allons donc porter du secours à ces pauvres affligés.

En effet, pendant cette conversation, Dantès avait, en souriant, serré la main à tous ses amis, et s’était constitué prisonnier en disant : Soyez tranquilles, l’erreur va s’expliquer, et probablement que je n’irai même pas jusqu’à la prison.

— Oh ! bien certainement, j’en répondrais, dit Danglars qui, en ce moment, s’approchait, comme nous l’avons dit, du groupe principal.

Dantès descendit l’escalier, précédé du commissaire de police et entouré par les soldats. Une voiture, dont la portière était tout ouverte attendait à la porte, il y monta ; deux soldats et le commissaire montèrent après lui ; la portière se referma, et la voiture reprit le chemin de Marseille.

— Adieu, Dantès ! adieu, Edmond ! s’écria Mercédès en s’élançant sur la balustrade.

Le prisonnier entendit ce dernier cri, sorti comme un sanglot du cœur déchiré de sa fiancée ; il passa la tête par la portière, cria : Au revoir, Mercédès ! et disparut à l’un des angles du fort Saint-Nicolas.

— Attendez-moi ici, dit l’armateur, je prends la