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en est ainsi de la petite île de Daume : l’île la plus sûre était donc celle de Tiboulen ou de Lemaire ; les îles de Tiboulen et de Lemaire sont à une lieue du château d’If.

Dantès ne résolut pas moins de gagner une de ces deux îles ; mais comment trouver ces îles au milieu de la nuit qui s’épaississait à chaque instant autour de lui !

En ce moment, il vit briller comme une étoile le phare de Planier.

En se dirigeant droit sur ce phare, il laissait l’île de Tiboulen un peu à gauche ; en appuyant un peu à gauche, il devait donc rencontrer cette île sur son chemin.

Mais, nous l’avons dit, il y avait une lieue au moins du château d’If à cette île.

Souvent, dans la prison, Faria répétait au jeune homme, en le voyant abattu et paresseux :

— Dantès, ne vous laissez pas aller à cet amollissement ; vous vous noierez, si vous essayez de vous enfuir, et que vos forces n’aient pas été entretenues.

Sous l’onde lourde et amère, cette parole était venue tinter aux oreilles de Dantès ; il avait eu hâte de remonter alors et de fendre les lames pour voir si effectivement il n’avait pas perdu de ses forces ; il vit avec joie que son inaction forcée ne lui avait rien ôté de sa puissance et de son agilité, et sentit qu’il était toujours maître de l’élément, où, tout enfant, il s’était joué.

D’ailleurs la peur, cette rapide persécutrice, doublait la vigueur de Dantès : il écoutait, penché sur la cime des flots, si aucune rumeur n’arrivait jusqu’à lui. Chaque fois qu’il s’élevait à l’extrémité d’une vague, son rapide regard embrassait l’horizon visible et essayait de plonger dans l’épaisse obscurité ; chaque flot un peu plus élevé que les autres flots lui semblait une barque à sa poursuite, et alors il redoublait d’efforts, qui l’éloignaient