sac éventré, se plaça dans la situation où était le cadavre, et referma la couture en dedans.
On aurait pu entendre battre son cœur si par malheur on fût entré en ce moment.
Dantès aurait bien pu attendre après la visite du soir, mais il avait peur que d’ici là le gouverneur ne changeât de résolution et qu’on n’enlevât le cadavre.
Alors sa dernière espérance était perdue.
En tout cas, maintenant son plan était arrêté.
Voici ce qu’il comptait faire.
Si pendant le trajet les fossoyeurs reconnaissaient qu’ils portaient un vivant au lieu de porter un mort, Dantès ne leur donnait pas le temps de se reconnaître ; d’un vigoureux coup de couteau il ouvrait le sac depuis le haut jusqu’en bas, profitait de leur terreur et s’échappait ; s’ils voulaient l’arrêter, il jouait du couteau.
S’ils le conduisaient jusqu’au cimetière et le déposaient dans une fosse, il se laissait couvrir de terre ; puis, comme c’était la nuit, à peine les fossoyeurs avaient-ils le dos tourné, qu’il s’ouvrait un passage à travers la terre molle et s’enfuyait : il espérait que le poids ne serait pas trop grand pour qu’il pût le soulever.
S’il se trompait, si au contraire la terre était trop pesante, il mourait étouffé, et, tant mieux ! tout était fini.
Dantès n’avait pas mangé depuis la veille, mais il n’avait pas songé à la faim le matin, et il n’y songeait pas encore. Sa position était trop précaire pour lui laisser le temps d’arrêter sa pensée sur aucune autre idée.
Le premier danger que courait Dantès, c’était que le geôlier, en lui apportant son souper de sept heures, s’aperçût de la substitution opérée : heureusement, vingt fois, soit par misanthropie, soit par fatigue, Dantès avait