encore et se cramponnant au bois de son lit. Ses traits étaient bouleversés par ces horribles symptômes qu’il connaissait déjà et qui l’avaient tant épouvanté lorsqu’ils étaient apparus pour la première fois.
— Eh bien ! mon ami, dit Faria résigné, vous comprenez, n’est-ce pas ? et je n’ai besoin de vous rien apprendre !
Edmond poussa un cri douloureux, et perdant complétement la tête, il s’élança vers la porte en criant :
— Au secours ! au secours !
Faria eut encore la force de l’arrêter par le bras.
— Silence ! dit-il, ou vous êtes perdu. Ne songeons plus qu’à vous, mon ami, à vous rendre votre captivité supportable ou votre fuite possible. Il vous faudrait des années pour refaire seul tout ce que j’ai fait ici, et qui serait détruit à l’instant même par la connaissance que nos surveillants auraient de notre intelligence. D’ailleurs, soyez tranquille, mon ami, le cachot que je vais quitter ne restera pas longtemps vide : un autre malheureux viendra prendre ma place. À cet autre vous apparaîtrez comme un ange sauveur. Celui-là sera peut-être jeune, fort et patient comme vous, celui-là pourra vous aider dans votre fuite, tandis que je l’empêchais. Vous n’aurez plus une moitié de cadavre liée à vous pour vous paralyser tous vos mouvements. Décidément Dieu fait enfin quelque chose pour vous : il vous rend plus qu’il ne vous ôte, et il est bien temps que je meure.
Edmond ne put que joindre les mains et s’écrier :
— Oh ! mon ami, mon ami, taisez-vous.
Puis reprenant sa force un instant ébranlée par ce coup imprévu et son courage plié par les paroles du vieillard :
— Oh ! dit-il, je vous ai déjà sauvé une fois, je vous sauverai bien une seconde !