défunts. Mais l’héritage consistait en ceci : un morceau de papier sur lequel Spada avait écrit :
« Je lègue à mon neveu bien-aimé mes coffres, mes livres, parmi lesquels mon beau bréviaire à coins d’or, désirant qu’il garde ce souvenir de son oncle affectionné.
Les héritiers cherchèrent partout, admirèrent le bréviaire, firent main basse sur les meubles, et s’étonnèrent que Spada, l’homme riche, fût effectivement le plus misérable des oncles ; de trésors, aucun : si ce n’est des trésors de science renfermés dans la bibliothèque et les laboratoires.
Ce fut tout. César et son père cherchèrent, fouillèrent et espionnèrent, on ne trouva rien, ou du moins très peu de choses : pour un millier d’écus, peut-être, d’orfèvrerie, et pour autant à peu près d’argent monnayé ; mais le neveu avait eu le temps de dire en rentrant à sa femme :
— Cherchez parmi les papiers de mon oncle, et il y a un testament réel.
On chercha plus activement encore peut-être que n’avaient fait les augustes héritiers. Ce fut en vain : il resta deux palais et une vigne derrière le Palatin. Mais à cette époque les biens immobiliers avaient une valeur médiocre ; les deux palais et la vigne restèrent à la famille, comme indignes de la rapacité du pape et de son fils.
Les mois et les années s’écoulèrent. Alexandre VI mourut empoisonné, vous savez par quelle méprise ; César, empoisonné en même temps que lui, en fut quitte pour changer de peau comme un serpent, et revêtir une nouvelle enveloppe où le poison avait laissé des taches pareilles à celles que l’on voit sur la fourrure du tigre ; enfin, forcé de quitter Rome, il alla se faire tuer obscurément dans une escarmouche nocturne et presque oubliée par l’histoire.