par l’ouverture qui conduisait de la cellule de l’abbé à la sienne :
— Oh ! dit-il, il faut que je sois seul pour penser à tout cela.
Et, en arrivant dans son cachot, il tomba sur son lit, où le porte-clefs le retrouva le soir, assis, les yeux fixes, les traits contractés, mais immobile et muet comme une statue.
Pendant ces heures de méditation qui s’étaient écoulées comme des secondes, il avait pris une terrible résolution et fait un formidable serment !
Une voix tira Dantès de cette rêverie, c’était celle de l’abbé Faria, qui, ayant reçu à son tour la visite de son geôlier, venait inviter Dantès à souper avec lui. Sa qualité de fou reconnu, et surtout de fou divertissant, donnait au vieux prisonnier quelques privilèges, comme celui d’avoir du pain un peu plus blanc et un petit flacon de vin le dimanche. Or, on était justement arrivé au dimanche, et l’abbé venait inviter son jeune compagnon à partager son pain et son vin.
Dantès le suivit : toutes les lignes de son visage s’étaient remises et avaient repris leur place accoutumée ; mais avec une raideur et une fermeté, si l’on peut le dire, qui accusaient une résolution prise. L’abbé le regarda fixement.
— Je suis fâché de vous avoir aidé dans vos recherches et de vous avoir dit ce que je vous ai dit, fit-il.
— Pourquoi cela ? demanda Dantès.
— Parce que je vous ai infiltré dans le cœur un sentiment qui n’y était point : la vengeance.
Dantès sourit.
— Parlons d’autre chose, dit-il.
L’abbé le regarda encore un instant et hocha