Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 1.djvu/214

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Est-ce vous ? dit-il ; me voilà !

— Votre geôlier est-il parti ? demanda la voix.

— Oui, répondit Dantès, il ne reviendra que ce soir ; nous avons douze heures de liberté.

— Je puis donc agir ? dit la voix.

— Oh ! oui, oui, sans retard, à l’instant même, je vous en supplie !

Aussitôt la portion de terre sur laquelle Dantès, à moitié perdu dans l’ouverture, appuyait ses deux mains, sembla céder sous lui ; il se rejeta en arrière, tandis qu’une masse de terre et de pierres détachées se précipitait dans un trou qui venait de s’ouvrir au-dessous de l’ouverture que lui-même avait faite ; alors, au fond de ce trou sombre et dont il ne pouvait mesurer la profondeur, il vit paraître une tête, des épaules et enfin un homme tout entier qui sortit avec assez d’agilité de l’excavation pratiquée.



XVI

UN SAVANT ITALIEN.

Dantès prit dans ses bras ce nouvel ami, si longtemps et si impatiemment attendu, et l’attira vers sa fenêtre, afin que le peu de jour qui pénétrait dans le cachot l’éclairât tout entier.

C’était un personnage de petite taille, aux cheveux blanchis par la peine plutôt que par l’âge, à l’œil pénétrant caché sous d’épais sourcils qui grisonnaient, à la barbe encore noire et descendant jusque sur sa poitrine :