Louis XVIII ces renseignements, Villefort, qui semblait suspendu à ses lèvres, rougissait et pâlissait.
Le roi se retourna de son côté.
— N’est-ce pas votre avis comme c’est le mien, monsieur de Villefort, que le général Quesnel, que l’on pouvait croire attaché à l’usurpateur, mais qui, réellement, était tout entier à moi, a péri victime d’un guet-apens bonapartiste ?
— C’est probable, sire, répondit Villefort ; mais ne sait-on rien de plus ?
— On est sur les traces de l’homme qui avait donné le rendez-vous.
— On est sur ses traces ? répéta Villefort.
— Oui, le domestique a donné son signalement : c’est un homme de cinquante à cinquante-deux ans, brun, avec des yeux noirs couverts d’épais sourcils, et portant moustaches ; il était vêtu d’une redingote bleue, et portait à sa boutonnière une rosette d’officier de la Légion d’honneur. Hier on a suivi un individu dont le signalement répond exactement à celui que je viens de dire, et on l’a perdu au coin de la rue de la Jussienne et de la rue Coq-Héron.
Villefort s’était appuyé au dossier d’un fauteuil ; car à mesure que le ministre de la police parlait, il sentait ses jambes se dérober sous lui ; mais lorsqu’il vit que l’inconnu avait échappé aux recherches de l’agent qui le suivait, il respira.
— Vous chercherez cet homme, Monsieur, dit le roi au ministre de la police ; car si, comme tout me porte à le croire, le général Quesnel, qui nous eût été si utile en ce moment, a été victime d’un meurtre, bonapartistes ou non, je veux que ses assassins soient cruellement punis.