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LE COLLIER DE LA REINE- 43

— Ce serait bon si vous connaissiez ces gens-là.

•— Bossange est mon petit cousin à la mode de Bre- tagne.

Don Manoël et Beausire se regardèrent.

II se fit un silence. Les deux Portugais aiguisaient leurs réflexions.

Tout à coup un des valets ouvrit la porte et annonça :

— Messieurs Bœhmer et Bossange !

Don Manoël se leva soudain, et d’une voix irritée :

— Renvoyez ces gens-là ! s’écria-t-il. Le valet fit un pas pour obéir.

— Non, chassez-les vous-même, monsieur le secrétaire, reprit l’ambassadeur.

— Au nom du ciel ! fit Ducomeau suppliant, laissez-moi exécuter l’ordre de monseigneur ; je l’adoucirai, puisque je ne puis l’éluder.

— Faites, si vous voulez, dit négligemment don Ma- noël.

Beausire se rapprocha de lui au moment où Ducomeau sortait avec précipitation.

— Ah ça ! mais cette affaire est destinée à manquer ? dit don Manoël.

— Non pas, Ducorneau va la raccommoder.

— Il l’embrouillera, malheureux ! Nous avons parlé portugais seulement chez les joailliers ; vous avez dit que je n’entendais pas un mot de français. Ducorneau va tout gâter.

— J’y cours.

— Vous montrer, c’est peut-être dangereux, Beausire.

— Vous allez voir que non ; laissez-moi plein pouvoir.

— - Pardieu ! Beausire sortit.

Ducorneau avait trouvé en bas Bœhmer et Bossange, dont la contenance, depuis leur entrée à l’ambassade, était toute modifiée dans le sens de la politesse, sinon dans ce- lui de la confiance.

Ils comptaient peu sur la vue d’un visage do connais- sance, et se faufilaient avec raideur dans les premiers ca- binets.