— Oui, très bien ; et parlez-moi à l’oreiile.
Oliva obéit avec une docilité et une intelligence qui charmèrent son compagnon.
Le domino noir, objet de cette démonstration, tournait le dos à la salle ; il causait avec la dame sa compagne. Celle-ci, dont les yeux élincelaient sous le masque, aperçut le geste d’Oliva.
— Tenez, dit-elle tout bas, monseigneur, il y a là deux masques qui s’occupent de nous.
— Oh I ne craignez rien, comtesse ; impossible qu’on nous reconnaisse. Laissez-moi, puisque nous voilà en chemin de perdition, laissez-moi vous répéter que jamais taille ne fût enchanteresse comme la vôtre, jamais regard aussi brûlant ; permettez-moi de vous dire...
— Tout ce qu’on dit sous le masque.
— Non, comtesse ; tout ce qu’on dit sous...
— N’achevez pas-, vous vous damneriez... Et puis, danger plus grand, nos espions entendraient.
— Deux espions! s’écria le cardinal ému.
— Oui, les voilà qui se décident ; ils s’approchent.
— Déguisez bien votre voix, comtesse, si l’on vous fait parler.
— Et vous, la vôtre, monseigneur.
Oliva et son domino bleu s’approchaient en effet.
Celui-ci s’adressant au cardinal :
— Masque, dit-il.
Et il se pencha à l’oreille d’OHva qui lui fit un signe affirmatif.
— Que veux-tu ? demanda le cardinal en déguisant sa voix.
— Cette dame qui m’accompagne, répondit le domino bleu, me charge de t'adresser plusieurs questions.
— Fais vite, dit monsieur de Rohan.
— Et qu’elles soient bien indiscrètes, ajouta d’une voix flûtée madame de La Motte.
— Si indiscrètes, répliqua le domino bleu, que tu ne les entendras pas, curieuse.
Et il se pencha encore à l’oreille d’Oliva qui joua le même jeu.