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le courtisan agréable, fendit la foule et vint dire au domino bleu :

— C’est lui.

— Bien, répliqua celui-ci. Et du geste il congédia le domino jaune.

— Ecoutez-moi, fit-il alors à l’oreille d’Oliva, ma bonne petite amie, nous allons commencer à nous réjouir un peu. — Je le veux bien, car vous m’avez deux fois attristée, la première en m’ôtant Beausire, qui me fait rire toujours, la seconde en me parlant de Gilbert, qui me fit tant de fois pleurer.

— Je serai pour vous et Gilbert et Beausire, dit gravement le domino bleu.

— Oh ! soupira Nicole.

— Je ne vous demande pas de m’aimer, comprenez cela ; je vous demande de recevoir la vie telle que je vous la ferai, c’est-à-dire l’accomplissement de toutes vos fantaisies, pourvu que de temps en temps vous souscriviez aux miennes. Or, en voici une que j’ai.

— Laquelle ?

— Le domino noir que vous voyez, c’est un Allemand de mes amis.

— Ah !

— Un perfide qui m’a refusé de venir au bal sous prétexte d’une migraine.

— Et à qui, vous aussi, avez dit que vous n’iriez points

— Précisément.

— Il a une femme avec lui ?

— Oui.

— Qui ?

— Je ne la connais pas. Nous allons nous rapprocher, n’est-ce pas ? Nous feindrons que vous êtes une Allemande ; vous n’ouvrirez pas la bouche, de peur qu’il reconnaisse à votre accent que vous êtes une Parisienne pure.

— Très bien. Et vous l’intriguerez ?

— Oh ! je vous en réponds. Tenez, commencez à me le désigner du bout de votre éventail.

— Comme cela ?