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LE CHEVALIER DE MAISON-ROUGE.

« Vivent les sections ! Vive Henriot ! À bas les brissotins ! À bas les rolandistes ! À bas madame Veto ! »

— Bon ! bon ! dit Tison en se frottant les mains, je vais ouvrir à madame Veto pour qu’elle jouisse sans empêchement de l’amour que lui porte son peuple.

Et il approcha du guichet du donjon.

— Ohé ! Tison ! cria une voix formidable.

— Mon général ? répondit celui-ci en s’arrêtant tout court.

— Pas de sortie aujourd’hui, dit Santerre ; les prisonnières ne quitteront pas leur chambre.

L’ordre était sans appel.

— Bon ! dit Tison, c’est de la peine de moins.

Dixmer et Morand échangèrent un lugubre regard ; puis, en attendant que l’heure de la faction, inutile maintenant, sonnât, ils allèrent tous deux se promener entre la cantine et le mur donnant sur la rue Porte-Foin. Là, Morand commença à arpenter la distance en faisant des pas géométriques, c’est-à-dire de trois pieds.

— Quelle distance ? demanda Dixmer.

— Soixante à soixante et un pieds, répondit Morand.

— Combien de jours faudra-t-il ?

Morand réfléchit, traça sur le sable avec une baguette quelques signes géométriques qu’il effaça aussitôt.

— Il faudra sept jours, au moins, dit-il.

— Maurice est de garde dans huit jours, murmura Dixmer. Il faut donc absolument que, d’ici à huit jours, nous soyons raccommodés avec Maurice.

La demie sonna. Morand reprit son fusil en soupirant, et, conduit par le caporal, alla relever la sentinelle qui se promenait sur la plate-forme de la tour.