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LE CHEVALIER DE MAISON-ROUGE.
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à partir de ce moment, parcourut toutes les phases de l’attente et du regret.


Lorin était bien venu jeter quelques distractions sur les chagrins que son ami s’obstinait à lui faire.

Chaque matin, il s’attendait, en se réveillant, à trouver une lettre de Dixmer, et cette fois il s’avouait, lui qui avait résisté à des instances de vive voix, qu’il céderait à une lettre ; chaque jour, il sortait avec l’espérance de rencontrer Geneviève, et, d’avance, il avait trouvé, s’il la rencontrait, mille moyens pour lui parler. Chaque soir, il rentrait chez lui avec l’espérance d’y trouver ce messager qui lui avait un matin, sans s’en douter, apporté la douleur, devenue depuis son éternelle compagne.

Bien souvent aussi, dans ses heures de désespoir, cette puissante nature rugissait à l’idée d’éprouver une pareille torture sans la rendre à celui qui la lui avait fait souffrir : or, la cause première de tous ses chagrins, c’était Morand. Alors il formait le projet d’aller chercher querelle à Morand. Mais l’associé de Dixmer était si frêle, si inoffensif, que l’insulter ou le provoquer, c’était une lâcheté de la part d’un colosse comme Maurice.

Lorin était bien venu jeter quelques distractions sur les chagrins que son ami s’obstinait à lui taire, sans lui en nier cependant l’existence. Celui-ci avait fait tout ce qu’il avait pu, en pratique et en théorie, pour rendre à la patrie ce cœur tout endolori par